L’interview de Luke Pritchard (The Kooks): « j’ai chassé mes démons »

un article pour Entendre | publié le 8 septembre 2014

Les Kooks sortent aujourd’hui leur quatrième album, Listen: leur chanteur, le charismatique Luke Pritchard s’est livré en exclusivité à Adaptation.

 

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Est-ce qu’on peut continuer à écrire simplement de la musique après avoir vendu 2 millions d’albums de son premier opus, s’être fait laminé par les critiques – et le public – au moment du deuxième et du troisième effort, subi des changements incessants dans le line-up de son groupe, avoir eu le cœur brisé par des ruptures médiatiques (notamment avec l’actrice hollywoodienne Misha Barton) et avoir tenté de noyer le tout dans de l’alcool ? Les Kooks répondent positivement avec Listen, un quatrième album joyeux, rock et soulful qui donne officiellement naissance à la « electric church music ».  Leur chanteur, le bouclé et taquin, Luke Pritchard nous en raconte la (re)naissance.

Listen est beaucoup plus orienté vers la danse que vos précédents albums. Pourquoi ce revirement ?

C’est un changement que nous avions amorcé sur Junk of Heart puisque nous avions introduit des synthés dans la musique. Mais cette fois-ci je voulais aller plus loin… Ca a pris du temps. Beaucoup de choses que nous avions écrites sont passées à la poubelle mais je crois que nous sommes arrivés au son que nous voulions. Un hommage à la musique que j’aime, la soul, la funk de la Nouvelle-Orleans. The Meters ont été notamment une grande influence. Je me suis affranchi du son originel de The Kooks pour composer ce genre, de « electric music church »… C’était tellement différent que je me suis même demandé si ça allait pouvoir être un album de The Kooks.

Est-ce que ce changement ne vient pas aussi du fait que vous ayez écrit pour Mark Foster de Foster the People et Brendan Benson ?

Totalement … Ils m’ont ouverts à d’autres influences. Le fait de voyager seule aux Etats-Unis à Nashville ou à la Nouvelle-Orleans aussi. Heureusement aussi j’ai enregistré dans des studios à Los Angeles. Là-bas, des artistes de tous les types musicaux, du hip-hop au metal, se croisent et viennent écouter ce que tu fais sans préjugés. La scène musicale est beaucoup plus libre qu’à Londres où tu te sens parfois limité dans un carcan. Les gens veulent que tu restes à ta place . A Los Angeles, on t’encourage plutôt à sortir de ta zone de confort musical. Si j’étais resté à Londres, je serais encore ce mec, assis dans les bars qui a été connu à un moment mais qui l’est de moins en moins… et du coup, qui se fait draguer par des filles de moins en moins belles (rires). Ca m’a sauvé de partir…

 

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Pourquoi emploies-tu le terme « sauver » : c’est très fort…

J’avais des gros problèmes de toxicomanie et d’alcool avant de commencer à écrire cet album. En plus je sortais d’une relation très toxique avec une fille. J’en parle dans are we electric… Nous nous aimions énormément mais notre relation n’était bonne ni pour l’un ni pour l’autre. N’empêche la rupture m’a d’abord entièrement détruit … j’étais très amoureux.

Tu as écrit une chanson très émouvante à propos de ton père qui est décédé lorsque tu avais 3 ans. Pourquoi maintenant ?

Je me suis senti prêt à le faire partager. Peut-être parce que mon grand-père duquel j’étais très proche est mort l’année dernière… C’est une chanson importante où je raconte beaucoup de moi, de la manière la plus honnête possible. Sa mort est ce qui m’a le plus défini en tant que personne. Elle me hante aussi parce qu’elle a été brusque…  Il est décédé d’une crise cardiaque. A travers cette chanson, j’essaie de lui dire ce que je suis devenu, ce que j’ai vécu… En quoi on se ressemble ou pas. Il est certain que ça change de certains lyrics que j’ai pu écrire ! (nldr: rappelez vous ce titre un brin imbécile écrit par Luke, Jackie Big Tits)

 

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On sent qu’il y a une vraie ambition dans chaque chanson, parfois même presque une dimension spirituelle…

Je suis vraiment heureux que tu l’ai ressenti car c’est ce j’ai voulu faire passer. J’ai été beaucoup inspiré par vieux enregistrement de gospel… Ce n’est pas un album religieux mais il y a définitivement cet aspect spirituel dont tu parles. C’est l’album le plus profond et sincère que j’ai fait. La musique, écrire cet album … j’ai chassé mes démons grâce à cela.

A voir en live le 17 février à l’Olympia (Paris)

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