L’invité de la semaine: Lescop, sur le fil du rasoir

un article pour Entendre | publié le 13 mars 2017

La nuit, c’est le personnage principal de votre album.

Cet album parle de se perdre, de se chercher et de se trouver. Or on apprend beaucoup plus sur soi la nuit que le jour… Parce que les gens n’ont pas la même attitude la nuit. L’obscurité les cache et le fait d’être caché amène à se livrer davantage. Parce qu’on est moins intimidé par la lumière et par l’autre. Parce que tu fais des rencontres. Les rencontres de la nuit sont plus fortes que celles du jour parce qu’on se met plus à nu la nuit que le jour. D’ailleurs la plupart des gens n’ont-ils pas rencontré leur amoureux ou leur amoureuse la nuit ? La première fois qu’ils se sont embrassés, c’est aussi la nuit. Si je fais le compte des rencontres décisives de ma vie, je me rend compte que je les ai fait la nuit… comme beaucoup de monde. La journée, tu es en représentation. Tu travailles alors tu es obligé de te maintenir dans ce personnage. La nuit, tu te relâches.

La nuit, c’est le moment où vous écrivez le plus ?

Non. Je ne travaille pas la nuit. J’aime bien qu’il ne se passe rien.

Vous sortez beaucoup ?

Non. Je suis plutôt quelqu’un qui aime rester chez lui. J’ai une vie aujourd’hui qui fait que je peux moins sortir que lorsque j’étais jeune… La nuit, c’est aussi tout un tas de trucs dont je me suis éloigné (silence) Je n’écris pas sur le moment mais c’est la nuit que j’ai des idées. Mes soirées préférées sont lorsque je suis tout seul chez moi : je peux regarder un film ou lire un bouquin. Prendre des notes et rêver un peu. C’est un moment où je peux me retrouver… L’esprit n’est pas sollicité. Lorsque j’écris des chansons, je les imagine se passant la nuit. Les personnages que j’aime, dans les romans ou de films, vivent souvent la nuit.

Vous n’êtes donc pas insomniaque ?

Je ne suis plus insomniaque. Il y a certaines habitudes que tu peux perdre qui t’aident à ne plus être insomniaque… Et ces habitudes, je les ai perdus (rires)

Cet album est un hommage aussi aux personnalités hors norme : Garçon dérangé, Mauvaise Fille, David Palmer

J’aime les personnages décalés. Les gens qui se posent trop de questions, ou peut-être pas les bonnes. Je suis comme ça… Quand je vois quelqu’un dans la rue, je m’interroge sur sa vie : est-ce qu’il est heureux ? Est-ce qu’il est amoureux ou pas ? Tous les personnages dans cet album sont comme ça. Insomnie, c’est après avoir lu Beaux et damnés de Fitzgerald. J’aime ces personnages qui poursuivent des rêves sans parvenir à les concrétiser parce que leurs rêves ne leur ressemblent pas assez. Ou parce que leurs rêves sont trop en décalage avec la réalité. Ce sont des gens qui veulent qu’on les aime et qui manquent d’amour. Pourtant ils ont du mal à aimer les autres. Le message global d’Echo est que nous ne sommes pas obligés de nous contempler éternellement dans notre reflet et de s’y noyer comme Narcisse. Trop s’observer, c’est comme un puit sans fond, quelque chose dans lequel on se noye. Trop s’observer, c’est une malédiction. Il faut sortir de ça.

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