Chuck Palahniuk retourne au Fight Club

un article pour Voir | publié le 3 mai 2016

Le mythique auteur de Fight Club, Charles Michael « Chuck » Palahniuk, livrait fin avril un roman graphique, Fight Club 2, et un nouveau livre, Orgasme. Il y creuse ses obsessions, la violence pour exorciser ses démons pour l’un et la mécanique complexe du plaisir féminin pour l’autre. Interview forcément décapante.

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Ça n’a pas été trop difficile pour le dessinateur de s’échapper des images des personnages que nous avions tous en tête après le film de David Fincher, avec Brad Pitt et Edward Norton ?

Nous en avons beaucoup parlé effectivement… Il s’en est sorti car je lui ai expliqué que les personnages de mon livre étaient inspirés par mes amis. Je lui ai montré des photos de chacune de ces personnes. Il a ainsi pu créer un visage très vrai à tous les protagonistes.

Dans votre histoire, tous les problèmes viennent de la fille, Marla… À croire que vous pensez qu’être en couple est impossible ou, en tout cas, peu naturel pour un homme ?

(Rires) Moi je pense que tous les problèmes viennent plutôt du psychanalyste qui essaie d’empêcher Tyler d’être là. Marla fait juste une toute autre chose… Marla est aussi la seule à dire la vérité à Jack. Tout le monde prétend que tout va bien, mais la vérité, c’est qu’ils ne sont pas heureux.

Vous pensez que c’est naturel pour un homme d’être en couple ou sa nature profonde est-elle plutôt dans le libertinage ?

Tous mes livres sont sur des gens qui trouvent des relations humaines. Ces relations les mènent à s’isoler alors elles doivent être rafraîchies pour les rendre neuves à nouveau. Pour sauver leur mariage, ils doivent lui donner un tour inédit.

Leur relation est quand même très violente…

Elles le sont toujours… Dans un couple, il y a toujours une histoire de lutte pour le pouvoir. D’ailleurs, ce n’est pas seulement gagner le pouvoir, mais aussi le lâcher ou l’encercler pour qu’il ne se développe pas trop. Le pouvoir change de mains tout le temps. C’est ça être en couple… C’est aussi être à l’aise avec le fait de ne pas avoir le pouvoir. Fight Club était à propos de cela : ce n’était pas comment gagner un combat, mais comment le perdre… sans être détruit par cela. Abandonner le pouvoir est une aussi grande réussite que le gagner. Foucault a beaucoup évoqué le sujet… Il faut absolument le lire ! Toute la culture moderne est basée sur Foucault. Foucault était fasciné par le sex bondage et le sadomasochisme car il pensait que c’était le meilleur moyen pour les gens en couple de s’exercer volontairement au pouvoir. C’est un moyen consensuel d’être complètement à la merci de l’autre, ou d’être son dominant. Les gens s’habituent ainsi à être à l’aise avec chacun des rôles.

Alors il faut que tout le monde essaie le sadomasochisme selon vous ?

Peut-être pas. Mais vu qu’il y a déjà des relations de pouvoir dans le couple, ils seraient meilleurs dans leurs rapports s’ils essayaient. Ça ne ferait pas de mal, disons…

Vous ne croyez pas à la tendresse ?

Parfois… Mais la tendresse, c’est mieux après le sexe.

Est-ce que la violence règle toujours les problèmes ?

Si la violence est consensuelle, elle peut résoudre les problèmes. Si les deux parties sont d’accord pour participer à la violence, elle peut même être thérapeutique.

La violence est donc positive pour les hommes ?

Oui, car il y a tellement d’hommes qui n’ont aucune idée de ce que ça signifie de se retrouver dans un affrontement physique. Ils n’ont aucune idée de ce à quoi ils peuvent survivre. Si la bagarre est consentie, elle leur permet d’explorer ce dont ils sont capables. Ce qu’ils sont capables d’infliger, et ce qu’ils sont capables d’endurer. Ils ont alors une meilleure idée, une idée plus sûre de qui ils sont.

Est-ce que ça vaut aussi pour les femmes ?

Oui ! Elles ont également très peu d’idées de leurs capacités à survivre ou à infliger des dommages. Tant que c’est structuré et consensuel, les femmes pourraient aimer ça… c’est même peut-être plus important pour une femme que pour un homme !

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Fight Club 2 de Chuck Palahniuk & Cameron Stewart – Parution le 28 avril – Super 8 Éditions

> L’intégralité de cette interview est à retrouver dans le numéro 12 du magazine Plugged

 

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