(interview) Tao Lin : Le vide à portée de clics

un article pour Voir | publié le 20 décembre 2015

« Styliste le plus intéressant de sa génération » pour Brett Easton Ellis, « Kafka de la génération iphone » pour la presse, Tao Lin livre dans son livre, Taipei, une vision du quotidien de la jeunesse américaine, et en creux du vide contemporain. Interview de notre invité de la semaine !

taolin

Votre personnage principal, Paul prend toujours de la drogue pendant ses interviews : vous êtes drogué maintenant ? (ndlr : il est 9H30 du matin)

Non (rires) je n’ai pris de drogue depuis 10 jours, excepté de la marijuana… Et ce n’est pas encore légal dans tous les états des Etats-Unis, même si je pense que ça le sera bientôt.

Quel est votre meilleur et votre pire souvenir sous drogue ?

Le pire, c’est lorsque je me réveille et que je sens que tu as besoin de drogues multiples avant de faire quoi que ce soit. Le meilleur, c’est à chaque fois que je suis sous drogues.

Est-ce que le fait de prendre des drogues et de se mettre en scène sur internet est également un moyen de s’extraire d’eux-mêmes afin de se donner un point de vue sur leurs vies ?

Au contraire, c’est justement pour moins ressentir la distance… Dans son état normal, il se sent tout détaché de tout, même de lui-même. Il analyse tout d’une perspective extérieure. Avec les drogues, il essaie de se débarrasser de sa conscience pour réduire la distance et être plus proche du monde. L’internet permet aussi de réduire les distances car il peut l’utiliser pour parler à des gens qui sont très éloignés.

Vos personnages s’ennuient à mourir : c’est aussi pour cela qu’ils se droguent. Alors que Paul est écrivain, il a une passion, il pourrait courir après certains buts qui pourraient donner un sens à sa vie ?

C’est compliqué d’en parler seulement pour mon personnage. Paul est comme moi. Comme moi, il a des buts mais ils ne sont pas dans le livre. Je ne pouvais pas les mettre dans le livre car ça n’aurait pas été le même… Si je n’avais pas de but, je serais complètement perdu dans ma vie.

Vinton Cerf, l’un des fondateurs d’internet et fondateur de google, a déclaré que la vie privée n’existerait plus dans les années à venir ?

Des années à venir ? C’est à dire dans 10 ans par exemple ? Je ne suis pas d’accord. Je crois même que ce sera le contraire. Il y a deux choses : l’intimité et la vie privée. La vie privée, c’est garder des choses secrètes par rapport aux gens. L’intimité, c’est la complète transparence : chacun sait tout de l’autre. Si tu veux que les gens ne sachent rien de toi, il te reste toujours la solution d’aller vivre dans une montagne sans internet… ou tout simplement ne pas s’inscrire sur facebook ou des réseaux sociaux. La vie privée est possible et le besoin d’intimité va aller en grandissant. Pour moi, internet permet au contraire d’être beaucoup plus intime avec les gens car je suis très précis dans ma pensée lorsque j’écris. Quand je parle avec des gens dans la vraie vie, je vais juste me conformer à des règles sociales et finalement dire ce qu’on attend de moi, même si ce n’est pas ce que je pense exactement.

Vous avez déclaré « désormais je pense en twitts ». Ca doit être un peu compliqué pour un écrivain ?

C’est seulement parfois… Je n’utilise Twitter que depuis 4 ans alors je suis plus habitué à d’autres manières de penser. Je n’ai qu’à prendre un livre et lire : ça me remet dans un mode de pensée où les phrases et les idées sont beaucoup plus longues.

Quelle est la chose la plus étrange qui vous soit arrivé via internet ou facebook ?

Quelqu’un m’a envoyé une centaine de fois le même message à la suite sur facebook et twitter et je ne sais toujours pas si c’est une machine ou un humain.

Vous avez twitté « Une faible estime de soi causée par ses cauchemars récurrents avec en vedette l’impuissance, l’incompétence, la confusion et un manque d’efficacité général » : ce n’est pas très positif sur vous-mêmes…

Mon livre est encore plus triste… Beaucoup de gens ont des rêves où ils sont impuissants et lorsqu’ils se réveillent, cela joue sur la manière dont ils s’envisagent eux-mêmes. Si tu refais ces rêves toutes les nuits, et comme tu ne peux pas les contrôler, ça finit par te troubler vraiment… et à affecter ton estime de soi dans la vraie vie.

Taipei de Tao Lin (Au Diable Vauvert)

 

 

 

 

 

 

1 Réactions

Beaucoup d’espoir de lire quelque chose d’intéressant dans cette interview que j’ai trouvée aussi vide que son auteur ! Rien de neuf sous le soleil !
Moi pas comprendre cette phrase : « Je n’ai prendre un livre et lire : ça me remet dans un mode de pensée où les phrases et les idées sont beaucoup plus longues. »

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