(l’invité de la semaine) Mauvaises Filles : le livre sur les bad girls et la prostitution dans les années 30

un article pour Sentir, Toucher, Voir | publié le 23 février 2015

Vous avez frissonné devant 50 Shades of Grey ? Vous êtes donc mûrs pour passer à la collection érotique soft avec l’ouvrage Mauvaises Filles sur les prostituées dans les maisons closes entre les deux guerres.

image de Monsieur X, issue du livre Mauvaises Filles ( La Manufacture de Livres)
image de Monsieur X, issue du livre Mauvaises Filles ( La Manufacture de Livres)

Notre invité de la semaine est Alexandre Dupouy. Collectionneur de photographies anciennes érotiques, il est le fondateur de la librairie-galerie Les Larmes d’Eros spécialisée dans les livres érotiques anciens et a créé les éditions Astarté, dédiées aux ouvrages autour du libertinage et de l’érotisme. Fin connaisseur, il a préfacé  les Oeuvres érotiques complètes d’Apollinaire et tout récemment, un ouvrage autour des prostituées dans les maisons closes entre les deux guerres, intitulé Mauvaises Filles (La manufacture de livres). Toutes les photos de Mauvaises Filles sont issues de la collection personnelle d’un certain Monsieur X, amateur de clichés et de filles légères. En compagnie d’Alexandre, nous allons donc parler de l’histoire de ce livre, et en creux de la prostitution et l’érotisme en France.

Vous êtes un historien de l’érotisme. Est-ce vous avez l’impression que la demande augmente  (la question du mardi)?

La demande augmente puisque la maman est devenue la putain. Avant on méprisait le plaisir féminin, maintenant c’est devenu quelque chose d’important. Avant c’était aux professionnelles de savoir comment faire plaisir aux hommes, aujourd’hui c’est aux épouses… Ce qui est d’ailleurs le meilleur moyen pour que l’homme n’aille pas voir ailleurs. Voire même faire disparaître la prostitution, qui reste quand même un acte marchand pas très glorieux. La prostitution dans les années 30 a des limites troubles. A quel moment une épouse qui accepte des choses qui ne l’emballent pas pour avoir la paix ne rejoint pas les chemins de la prostitution ? Alors que la prostituée peut choisir ses clients, enfin pour certaines, travailler, se faire un magot et disparaître. C’était un moyen pour les filles du peuple de s’en sortir. En 1880, ce sont les filles du peuple devenues des grandes courtisanes qui menaient les barons de l’industrie par le bout du nez. Ils faisaient des concours stupides en leur faisant des cadeaux démesurés pour montrer à leurs amis qu’ils avaient plus d’argent. Aujourd’hui ils ont remplacé cela par l’art contemporain !

C’est quoi exactement l’érotisme (la question du lundi) ?

« Breton répondait que « la pornographie, c’est l’érotisme des autres ». En un mot, cela varie entre les personnes. Ce qui est érotique chez un type qui a vu sa tante faire pipi par une porte entrebâillée à 14 ans, ce qui l’a perturbé sensuellement et qui va ensuite demander à ses compagnes d’avoir accès à ce genre d’intimité … va être complètement pervers pour son voisin de palier. La sexualité d’aujourd’hui est plus libre que dans les années 30, au moment où les clichés de Mauvaises Filles ont été pris. Il y a un rapport à l’obscénité qui est différent avec une demande de performance dans les positions aux acteurs et aux actrice pornos qui n’est pas très érotique.

Est-ce que les mots érotique et pornographique veulent dire la même chose dans les années 30 et aujourd’hui ?

Évidemment non. Nous aurions  un regard différent envers les images de Monsieur X si elles étaient contemporaines. Ces photos – désuètes, en noir et blanc, dans des lingeries qu’on ne porte plus … voire même des formes de corps qu’on ne voit plus – sont plus acceptables pour certains que le même genre d’images contemporaines en couleur. Les normes varient également en fonction du milieu social. Les photos daguerréotypes porno en 1850 coûtaient très chers : elles étaient donc réservées à une certaine élite.  »

Mauvaises Filles, Monsieur X + Alexandre Dupouy (la manufacture livres)

En savoir plus sur Mauvaises Filles ? C’est ici

2 Réactions

Au contraire je trouve les photos très belles parce que crues, vraies. Le corps n’est pas aseptisé comme dans la pornographie actuelle.

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