Notre invité : Gilles Marchand, co-auteur de Le Roman de Bolaño

un article pour Voir | publié le 5 février 2016

Notre invité de la semaine, Gilles Marchand a co-écrit avec Éric Bonnargent Le Roman de Bolaño. Le principe du livre ? Une sorte de ping-pong épistolaire (et meurtrier) entre les deux écrivains à plus de 900 km de distance pour créer la trame narrative du roman entre enquête littéraire et thriller. Il viendra parler de son oeuvre au festival du Rouge au Noir à Lunel en mars: une bonne occasion de parler avec lui vin et littérature !

bonnargent-marchand

Est-ce que vin rime avec littérature ?

Du pain, du vin, un bouquin ? Pourquoi pas. Mais plus que le vin en particulier, il ne fait aucun doute que l’alcool peut être un bon allié de l’auteur… Qu’il s’en serve pour trouver l’inspiration ou qu’il fasse de la bouteille un accessoire de l’un de ses personnages. Les premiers livres qui me viennent à l’esprit : Le Marquis de la dèche de Dorgelès, La Soif de Guelassimov, Moscou sur Vodka d’Erofeiev ou encore Le Dernier stade de la soif d’Exley.
D’ailleurs, dans Le Roman de Bolaño, l’un des deux personnages, Pierre-Jean Kauffmann est un alcoolique actif et volontaire dans toute la première partie du livre.

Si vous deviez écrire un polar dans le monde du vin, quel serait votre point de départ ?

Plus qu’un lieu de production, j’imaginerais plutôt un lieu de consommation, voire de dégustation. Pourquoi pas une « battle » d’un tenant du bourgogne contre un aficionado du bordeaux. Ils déboucheraient leurs meilleurs bouteilles sans parvenir à se convaincre l’un l’autre et finiraient par se vouer une haine sans limite voire par s’entretuer.

Ou alors, l’histoire pourrait commencer par la découverte du cadavre d’un homme flottant à la surface d’un verre de vin. Mais il faudrait que ce soit un tout petit homme.

du rouge au noir

Votre scène préférée d’ivresse dans un livre ou dans un film ?

En littérature, deux scènes me reviennent en mémoire. Le souvenir est lointain mais dans Un privé à Babylone de Brautigan, il y a un passage où le personnage principal prend un verre avec une jeune fille sublime. Ils enchaînent les bières sans que la jeune femme soit ivre ni qu’elle ressente le besoin d’aller aux toilettes. Il est complètement bluffé et se demande comment elle tient, au point que ça finit par occuper toutes ses pensées.
Plus récemment, dans Wonder Lover de Malcolm Knox (l’auteur du génial Shangrila), le héros se retrouve au comptoir du bar de son hôtel. À quelques mètres de lui, il aperçoit un voyageur de commerce dont il redoute qu’il lui adresse la parole. Le gars est juste descendu pour boire un verre tranquillou avant de remonter dans sa chambre. Et là, le type au bar lui offre un verre qu’il ne peut décemment pas refuser. Évidemment, ça tourne au cauchemar, le commercial lui raconte sa vie en enchaînant les tournées, infligeant à son interlocuteur les minutes les plus longues de sa vie que même l’alcool ne parvient pas à divertir.
Dans un film… il y a bien évidemment la scène de la cuisine des Tontons flingueurs, mais je citerais plutôt l’une des toutes premières scène du Roma de Fellini : le passage où le gars sort de son hôtel.  Tout le quartier est attablé, les verres s’entrechoquent, les pichets débordent, les assiettes et les marmites passent d’une table à l’autre, ça crie, ça danse, ça rit, ça pleure…

 

Le Roman de Bolaño, de Gilles Marchand et Éric Bonnargent (éditions du sonneur)

0 Réactions

Réagissez

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. La rédaction se réserve le droit de supprimer les commentaires injurieux ou non adaptés.