L’invité de la semaine: Lescop, sur le fil du rasoir

un article pour Entendre | publié le 13 mars 2017

Avec les réseaux sociaux, on ne fait que s’observer. Le selfie, c’est le narcisse 2.0…

Echo parle de ça. Il y a une mise en garde : on peut se noyer dans sa propre image. On ne peut pas se construire en observant un avatar de soi-même sur les réseaux sociaux. J’en fais partie alors je ne suis pas juge de cette situation. Mais il ne faut pas oublier dans tout ça d’exister. C’est ça l’important. Exister à travers un avatar de soi-même fait qu’au bout d’un moment, on existe plus. On s’efface. C’est ça que je trouve dangereux dans la vie moderne. On est abreuvé d’images et nous avons envie de ressembler à ces images. On s’observe en train d’observer… Ca peut aller très loin. Au final, tu perds ton existence. Or c’est cela l’important : exister. Tu existes à travers ce qui t’entoure, il faut vivre parmi les autres. Si je te regarde et que tu me regardes, qu’est-ce qui se passe ? Qui observe l’autre ? Il se passe certainement des choses, mais tu ne peux pas faire ça éternellement.

Vous parlez aussi de l’ennui et de la solitude. Mais on dirait que vous chérissez cet état ?

Il faut s’ennuyer ! Justement c’est un autre problème du 21eme siècle : nous sommes tout le temps sollicité. Avec ton Smartphone, tu as des divertissements tout le temps si tu le souhaites. Les gens ont tout le temps un écran allumé. Tu parles, et en même temps, tu fais un texto. Moi, le premier… Mais je trouve que c’est intéressant de se détacher de ça aussi. Les gens qui inventent des choses, ils le font dans l’ennui. Si tu ne t’ennuies pas, tu ne peux rien faire. Le mec qui dit qu’il ne s’ennuie jamais et qu’il crée tout le temps, je ne le crois pas. Comme disait Proust, les nerveux… L’ennui te rend nerveux … tu dis « je m’ennuie, qu’est ce que je peux faire ? ». De cet état là, tu agis, tu imagines des idées pour t’occuper. S’ennuyer, c’est ne pas se satisfaire. Et les gens tout le temps satisfaits, satisfaits d’eux-mêmes, satisfaits de ce qui les entourent, ils n’ont pas envie de créer, parce qu’ils sont déjà comblés.

Ce choix de chanter en français n’est pas anodin…

Mes premières chansons me sont venues en anglais, avant de trouver mon propre style. Aujourd’hui, plus du tout. Je trouve le français beau. Je pense en français. Je m’efforce d’être honnête dans ce que je fais donc je vais chanter dans la langue que je maitrise. Je n’aime pas l’idée que quelque chose puisse m’échapper. Je ne suis pas tout le temps dans le contrôle… Les chansons t’échappent toujours. Mais je veux pouvoir avoir une idée de ce que ça donne. Je ne veux pas me retrouver dans une situation où j’ai écrit une phrase qui donne en fait un jeu de mot pourri pour un anglais. Et puis, quand tu chantes, ça se voit quand tu ne comprends pas bien ce que tu racontes. Dans la langue, j’aime bien avoir de la rigueur dans les pieds… Mais les auteurs qui aiment bien les jolis mots un peu complexes, ça m’ennuie. Je préfère les phrases qui sonnent bien, elles doivent m’évoquer des images qui vont me plaire… Les images restent plus que les mots. J’observe des choses chez les gens, des choses qui m’ont plus, des trucs qui m’ont déplu. Les gens aussi qui font des trucs moches mais finalement, c’est assez poétique.

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