L’invité de la semaine: Lescop, sur le fil du rasoir

un article pour Entendre | publié le 13 mars 2017

Le choix d’aller vers la cold wave a toujours été défini ?

On peut appeler ça de la cold-wave, ça m’est plutôt égal. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire… J’aime les trucs un peu froids – en tout cas que certaines personnes appellent froides – mais moi, j’y trouve une chaleur. Ce qui me semble être des idées chaleureuses apparaissent froides pour certaines personnes. Il y a certaines personnes qu’on dit froids et que moi, je trouve sympathique. C’est d’ailleurs souvent comme ça que tu tombes amoureux. Toi, tu vas trouver quelque chose de beau chez quelqu’un que les autres détestent. Parce qu’on tombe amoureux des défauts. La new wave, krautorck ou cold wave, ce sont des gens qui voient des choses belles et élégantes dans des choses cliniques. Ce sont des musiques froides, avec des rythmes répétitifs, mais les idées exprimées dans les paroles, même si elles tiennent en deux mots, sont assez élégantes et sensibles.

La presse dit souvent que vous êtes le successeur désigné tout à la fois d’un Etienne Daho et d’un Daniel Darc. Ce n’est pas parfois lourd à porter ?

(silence) Je ne me sens pas concerné par ça. Ce sont les gens qui décident de ça. Ce qui compte pour moi, c’est le travail et le résultat, la chanson. Les gens décident ensuite si tu passes à la postérité ou pas. (silence) J’ai envie d’être le meilleur possible dans ce que je fais … D’abord parce que je ne prends pas les gens pour des cons. Il n’y a rien qui m’insupporte plus que de voir un artiste où je sens qu’il s’en fout un peu. Je me dis « tu es vraiment un enfoiré parce que les gens payent pour venir te voir ». Et il y en a beaucoup… Ce n’est pas élégant du tout. Etienne et Daniel ont cette qualité là : ils ne prennent pas les gens pour des cons. Ils n’ont jamais montré une chanson avant de la trouver bien. Ils ont cette exigence envers eux-mêmes avant de solliciter l’attention des autres. Après ça ne veut pas dire que tu as fait une bonne chanson : tu peux être exigeant et te planter. Pour en avoir parlé avec tous les deux, ce sont des gens qui veulent être le meilleur possible… Daniel était quelqu’un de très fier, il pouvait même être arrogant. Il disait parfois « nous sommes seulement trois à pouvoir écrire des chansons en France ». C’est une posture punk de mépriser la médiocrité.

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