Lawrence Rothman, le côté sombre de la Californie

Sombres ambiances, voix grave et vidéos somptueuses, Lawrence Rothman est le successeur de Woodkid. Interview à l’occasion de la sortie de son nouveau clip réalisé par l’incroyable Floria Sigismondi, en attendant la sortie de son premier album. Il est actuellement en train de le terminer en studio avec en guests featuring Angel Olson, Kim Gordon de Sonic Youth, Ariel Pink & Charli XCX.

Dans vos vidéos, vous vous travestissez tout le temps. C’est juste pour les vidéos ou vous avez un goût particulier pour cela ?

Je me déguise souvent depuis que je suis un petit garçon, j’ai suivi des cours de théâtre. Aujourd’hui je suis chanteur mais j’aime combiner cela avec le théâtre, la photographie et l’art en général. Je suis fascinée par Cindy Sherman.

Vous portez aussi des prothèses faciales très souvent. Pourquoi ?

Un copain à moi en réalise pour des films : c’est l’un des meilleurs dans sa catégorie. Nous travaillons ensemble pour les clips ou pour la scène. J’aime les prothèses subtiles, les joues, le nez… , pour qu’on s’interroge sur mon physique mais qu’ils ne comprennent pas exactement ce qui a changé. A Los Angeles, beaucoup de gens se flinguent à la chirurgie esthétique et, même si je n’en ai jamais fait, j’aime beaucoup voir ces transformations physiques extrêmes.

Vous semblez plus influencé par des artistes d’arts contemporains que par d’autres musiciens ?

Les deux ! Mais c’est vrai que les artistes visuels comme Cindy Sherman ou Francis Bacon m’inspirent beaucoup : ils me font voir une image qui va me donner envie d’écrire une chanson. Je puise également dans les histoires de mes amis. Par exemple, les paroles de Montauk Fling viennent d’une rupture particulièrement confuse d’un de mes copains. Il avait deux petites amies et ils ont joué un jeu dangereux… A la fin, celle qui s’est fait virer de ce plan à trois, l’a très mal pris et a failli brûler sa maison à Montauk Fling à New York. Il est passé par beaucoup de tourments. Je l’ai invité à rester chez moi et quand il m’a raconté ses histoires, j’en ai fait une chanson. Je pique beaucoup de choses dans la vie des autres… en particulier de mes amis, car j’ai pas mal d’amis fous ! (rires)

Vous êtes chanteur mais vous pourriez être aussi « visuel artist » en fait ?

La peinture a été mon premier amour et la musique, le second mais c’est celui que je préfère. Mon père était lui-même chanteur, pas très connu mais il y avait tout le temps de la musique chez moi. Nous avons fait des harmonies ensemble. Je ne veux pas faire que de la musique : je veux aussi diriger mes propres vidéos. C’est plus stimulant de multiplier les activités. J’ai écrit le concept de la vidéo de Montauk Fling que nous avons tourné au Château Marmont à Los Angeles. Mais c’est mon amie Floria Sigismondi qui l’a réalisé. Ca a duré une nuit entière à crapahuter dans les couloirs jusqu’à 5 heures du mat’ déguisé en Elisabeth Taylor : c’était vraiment très marrant.

Vous dites que Los Angeles est « une place ensoleillée pour les gens les plus sombres »…

Il y a énormément de gens complètement tordus à Los Angeles et en tant qu’artiste, c’est très inspirant. Tu vois des choses que tu ne verrais jamais ailleurs. Lorsque j’en ai marre de cette folie, je prends ma voiture et je roule jusqu’à ocean sure… Il y a toujours le désert pour s’échapper. Je suis un nomade et j’aime aller vivre à droite et à gauche pendant quelques mois.