Joan Cornellà, le dessinateur qui dénonce le mieux notre addiction aux réseaux sociaux

un article pour Voir | publié le 3 juillet 2020

L’impitoyable Joan Cornellà est de retour à Paris pour un nouveau solo show. Aussi bête et méchant qu’irrésistible, son humour noir aux innocentes couleurs acidulées dénonce parfaitement nos travers.

D’abord perçu comme un phénomène viral – ses comptes facebook, instagram et twitter fédèrent plus de 7 millions de fans – le barcelonais parcourt aujourd’hui la planète en mode rock star, enchaînant les séances de dédicaces aux interminables files d’attentes. Entre Séoul, New-York et Hong Kong, il investit cet été les quatre niveaux de la galerie Arts Factory, indéfectible relais de son travail depuis 2013.

Joan Cornellà est né à Barcelone en 1981. Auteur de bande dessinée et illustrateur, il collabore régulièrement avec la revue « El Jueves » et de nombreux périodiques espagnols avant de publier en 2009 « Abulio », son premier album chez Glénat, lauréat du prix Joseph Coll. En 2012 parait « Fracasar Mejor », une compilation de strips qui annonce l’année suivante la sortie de « Mox Nox » chez Bang Ediciones. Passé maître dans l’art de marier traits naïfs et trash sans filtre, c’est avec ce recueil de gags muets en une planche – à la chute souvent douloureuse – que Joan Cornellà trouve définitivement son style. « Zonzo » et « Sot », auto-édités en 2015 et 2016, lui permettent de s’affranchir du circuit traditionnel en diffusant lui-même son travail via Fail Better Press, une structure indépendante créée dans la foulée de sa tentaculaire invasion des réseaux sociaux. Publié en 2019, « Everyone Dies Alone » rassemble pour sa part de nombreuses illustrations inédites réalisées pour ses expositions.

A travers une sélection d’oeuvres récentes – peintures, lithographies, sérigraphies – et une scénographie spécialement conçue pour l’occasion, la galerie Arts Factory propose une véritable immersion dans son univers absurde où les limites du politiquement correct sont piétinées avec jubilation. Suicide, infanticide, racisme, pauvreté, handicap, maladies et mutilations en tout genre … Joan Cornellà prouve avec brio que l’on peut rire de tout, pour mieux pointer du doigt les inégalités et la violence de l’époque. Paradoxale mise en abîme au vu de sa notoriété sur internet, ses critiques les plus acerbes sont le plus souvent dirigées vers le narcissisme de notre vie numérique, qui entraîne une bonne partie de la société dans une quête sans fin vers le selfie ultime.

exposition du 1er juillet au 29 août 2020
galerie arts factory – 27, rue de charonne – 75011 paris
métro : ledru-rollin & bastille / du lundi au samedi : 12h30-19h30

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