L’invité: Phénix, l’auteur le plus mystérieux de l’automne 2019

un article pour Voir | publié le 20 septembre 2019

Phénix, c’est le nom de code d’un auteur qui ne montre ni son visage, ni sa véritable identité. Par contre, il a écrit l’un des livres les plus haletants de cet automne: Code Nemesis qui raconte un attentat raté contre la DGSE. Interview.

J’ai trouvé ce livre formidable, entre roman et documentaire, très 
efficace et rythmé. Vous semblez très bien renseigné, aussi bien sur les rouages de l’armée française, que les armes … Etes-vous un 
auteur-agent secret qui raconte ses expériences ou un auteur qui se renseigne beaucoup ?
Merci, c’est très gentil. Pour moi, c’est avant tout un roman, et pas un documentaire, ou alors appelez ça un roman très documenté. L’idée, c’est que le lecteur suive le parcours des différents protagonistes sans savoir s’il s’agit d’une invention ou de la réalité. Pour cela, j’ai inséré des éléments, des détails, des faits réels, des personnages réels côtoyant des personnages fictifs, dans le cadre d’une histoire totalement inventée mais qui aurait pu se produire. Donc, pour répondre à votre question, je dirais que je ne raconte pas mes expériences, mais que je m’en inspire pour donner au roman son côté « vraisemblable ». D’autre part, je me renseigne beaucoup, parce que personne ne connaît tout sur son sujet. Si c’était le cas, il n’y aurait pas d’agents de renseignement…

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Vous décrivez également de manière précise Raqqa assiégé. Est-ce que vous aviez eu l’occasion d’y aller ?
Le Raqqa que je décris est un Raqqa inscrit dans une période de l’histoire, son occupation par l’Etat Islamique, une des organisations politiques et militaires les plus féroces des trente dernières années (d’ailleurs, il faut cesser de parler de mouvement religieux quand on parle de Daech; l’islamisme n’a rien de religieux, et tout de politique). Donc, c’est un Raqqa unique que le lecteur découvre, un Raqqa que l’on ne verra plus jamais. Un peu comme le Berlin de la fin 1945, le Phnom Penh de 1975. Ensuite, oui, j’ai été de nombreuses fois au Proche-Orient, et ça inclut la Syrie. En revanche, je ne peux pas vous dire si j’ai été à Raqqa ou non. Officiellement, la France n’y a pas de présence. Je connais des gens qui y sont allés et en sont revenus. Ils ont été une source d’informations précieuses. C’est probablement pour cela que j’ai pu en recréer l’ambiance.

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Vous montez un faux attentat contre la DGSE qui est tellement réaliste qu’on en vient à se demander si il ne s’est pas vraiment passé. Est-ce que vous pensez que nous, le grand public, nous sommes au courant de tout ce qu’il se passe dans Paris ou qu’on nous cache des évènements graves ?
Bien sûr que non, les tentatives d’attentats déjouées sont révélées au public au compte-gouttes. Et heureusement. Vous ne voulez pas maintenir la population dans un climat de peur permanent, ce serait faire le jeu des terroristes. Vous ne voulez pas davantage faire des émules ou donner des idées à ceux qui ne sont pas encore passés à l’action. Si vous prenez les évènements du 13 décembre 2015, tout le monde savait qu’un attentat de grande ampleur était inévitable, qu’il se produirait un jour. Manuel Valls l’avait même déclaré dès 2013 ou 2014. Ce qu’on ne sait pas, c’est que ces attentats trouvent leurs origines dans les luttes de pouvoir au sein de l’organisation de l’Etat Islamique à Raqqa. Cent trente personnes sont mortes à Paris parce que des djihadistes ont voulu « faire leurs preuves ». C’est terrible, mais c’est vrai. La peur et la naïveté sont les plus grands dangers qui menacent les démocraties. On doit se méfier autant de l’une que de l’autre.

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Vous avez choisi de laisser les acronymes et d’aller loin dans les 
détails des armes, des grades, des actions… pourquoi ?
L’armée est obsédée par les acronymes. J’ai voulu respecter cela, de façon à coller à la façon de voir le monde des protagonistes, et la confronter à celle des islamistes qui apparaissent dans le livre. Quant aux détails sur les armes, les grades, cela fait partie du travail entrepris dans le roman qui vise à plonger le lecteur dans une réalité qui ne lui est pas forcément familière, mais qui le deviendra à la lecture.
Pourquoi n’avez-vous pas voulu écrire sous votre vraie identité ?
Je ne me suis jamais demandé pourquoi. J’imagine que c’est une question d’habitude.
Le livre a une fin ouverte: est-ce que ça veut dire que vous avez 
encore d’autres souvenirs à raconter ?
Oui, j’ai beaucoup de choses à raconter. Avec ce premier roman, je n’ai fait que commencer. Je travaille en ce moment sur un deuxième, il sera très différent mais collera toujours à des sujets de la plus brûlante actualité.
Code Nemesis, Phoenix (éditions La Tengo), le 23 octobre

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