Citronelle Dufay: fantôme, es-tu là ?

un article pour Voir | publié le 4 mars 2021

La décoratrice de théâtre Citronelle Dufay a profité de cette année de pause pour mettre en peinture les fantômes familiaux qui viennent parfois la visiter… Résultat, 32 tableaux qu’on peut regarder des heures à la recherche de détails et de symboles. Interview.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Toutes les photos, point de départ de chacun des dessins, sont prises dans la maison ancienne de mes grands-parents où des fantômes sont venus me chatouiller! Il y a des éléments drôles, parfois désuets aussi, et d’autres inquiétants, des mains qui se faufilent, des noeuds.
Tous ces personnages et objets se superposent, jouent avec les échelles. La perspective se tord. Selon l’endroit que l’on regarde dans le dessin , les rapports de taille changent et des détails nous apparaissent. J’aime Jérôme Bosh, les collages de David Hockney, les miniatures persanes, Bonnard, Cronenberg.
Picasso disait qu’un peintre est un collectionneur qui reproduit lui même ce qu’il aime chez les autres. Une phrase qui ne cesse de trotter dans ma tête.

Quelles techniques avez vous employé pour ces tableaux ?

Je pars d’une photo que j’ai réalisée. Toujours des reflets dans une fenêtre, un miroir ancien. J’aime les cadres dans les cadres. Puis je découpe des formes en carton fin, encrées au rouleau, je les passe dans ma presse taille douce. C’est la technique de la cellulogravure. Les épaisseurs de cartons, les reliefs et les matières s’impriment sur la photo, je les superpose, fais plusieurs passages, plus ou moins « serrés » et encrés. Cela crée des transparences et de la profondeur. Je retravaille aussi au crayon, au rothring, au stylo, à l’encre.