L’invitée: Melha Bedia, Forte… et alors ?

un article pour Voir | publié le 25 avril 2020

L’humoriste Melha Bedia sort son premier film, Forte. Interview.

melha bedia

Coronavirus oblige, Forte ne sortira pas en salle mais sur Amazon Prime Video. Ce n’est pas une raison pour passer à côté car il marque les débuts en grand à l’écran d’une fille pas seulement drôle, mais aussi sincère et attachante. On vous présnete Melha Bedia….

C’est vous qui avez écrit l’histoire et les dialogues de ce film…

Je l’ai pitché à une productrice en lui disant que je voulais raconter l’histoire d’une grosse qui se frotte à la barre pour trouver sa féminité et gagner en estime de soi. C’était sans grande conviction et pourtant, elle m’a dit « Ok, je signe ». Et j’ai commencé à travailler…

Pour tout le monde, se regarder dans un miroir est toujours compliqué… 

Je ne m’étais jamais vraiment regardée ! Et oui c’est compliqué pour tout le monde… Pas que les gros ! C’est dur pour les maigres, les petits, les chinois, les arabes, les gays, les lesbiennes… Il y a un truc d’estime de soi. Entre 20 et 30 ans, on a pas la mode d’emploi pour être une vraie femme ou un vrai homme. Quand tu es une femme, si tu mets une jupe ou que tu es dénudée, t’es une pute. Si t’es vierge, ben t’es frigide. Si un mec est trop à l’écoute, c’est qu’il est gay… et s’il est trop macho, il est trop viril. Notre génération n’a pas le bon dosage sur ce qu’être un homme ou une femme. Ma génération – et mes personnages- manquent de confiance en eux et ils se cherchent constamment. Evidemment si personne ne se jugeait, tout irait mieux.

La personne qui est la plus méchante avec vous, c’est … vous.

Exactement ! T’as envie de te faire du mal avant qu’on t’en fasse. C’est un mécanisme de défense. Pour moi, faire rire autour de mon physique est une sorte de thérapie. Je ne dis pas que c’est le meilleur des remèdes, mais moi il me va.

Dans une ancienne vie, parait-il que vous avez été styliste pour Diams ?

Oui… c’était une copine de ma sœur à la base. Un dimanche, elle vient manger le couscous chez ma grand-mère à Genevilliers. Ma grand-mère nous dit « allez chercher des merguez ». Sur le chemin, on commence à discuter. Elle me demande ce que je vais faire maintenant que j’ai eu mon bac. J’avais 16 ans. Je lui répond que je me suis inscrite à la fac d’anglais, un peu par hasard. Là elle me dit « prend une année sabbatique pour avoir le temps de trouver ce que tu veux faire. Viens avec moi en tournée, tu feras l’habillage et le stylisme : on va kiffer. J’ai dit ça à mon frère (ndlr: le comédien Ramzy), il m’a insulté (rires)

Mais elle avait déjà une idée en tête !

On arrive à la première date à Angers au Chabada et là elle me sort « ben tiens, tu vas aussi faire une première partie en humour ». Je faisais depuis toujours des blagues mais de là à monter sur scène… Je n’aurai jamais assumé. Mais elle a vu ça chez moi et elle m’a mis le pied à l’étrier.

Lorsqu’on tape votre nom sur internet, ce qui sort, c’est les clashs. Ca vous embête ?

Je sais… Une femme n’a pas le droit de dire des choses sans filtre. Un homme peut arriver sur un plateau télé, et dire tout ce qu’il veut et il aura créé un « débat ». Une femme, quand elle est humoriste et qu’elle a un peu une grande gueule, tout de suite, ça fait soit une polémique soit un clash. Après, je ne m’en cache pas: j’aime bien parler des choses sensibles car j’estime que c’est le rôle des humoristes… Si tu fais ce métier pour parler des dauphins, on s’en fout.

 

Forte, de Katia Lewkowicz, avec Melha Bedia, Valérie Lemercier, Alison Wheeler… sur Amazon Prime Video

Melha Bedia, Fat&Furious, en septembre à l’Européen

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