Le hip-hop underground français en documentaire

un article pour Entendre | publié le 19 août 2014

Ils arrivent aussi à un moment où l’industrie de la musique est en crise ?

Romain : Oui ! Para One en parle très bien : c’est le « ventre mou d’Internet » … Tu ne peux pas encore promouvoir ta musique via les réseaux sociaux, mais tu as déjà le piratage. Tout le monde connaissait TTC et dansait dessus, mais en terme de ventes, ça n’a jamais été un carton car les gens les téléchargeaient illégalement.

Antoine : Tous ces mecs avaient une culture hip-hop très forte et ont commencé avec ça. La rançon de la gloire, et d’avoir fait évoluer le rap, c’est d’avoir perdu leur public de base en route… Ils ont fait aimer le rap à un public nouveau, mais ça a pris tellement de temps qu’ils n’ont pas pu en profiter. Ça a  ouvert des portes, et je suis persuadé que si Kanye West va chercher des Français pour faire ses sons aujourd’hui, TTC, La Caution ou Svinkels n’y sont pas pour rien. Ils ont passé les frontières et cassé des barrières. Quant à 1995 ou Orelsan, ils en sont clairement les héritiers. A la fin des années 90, tu es un petit blanc et tu veux rapper, tu n’étais pas crédible du tout : dix ans  après, parce que ces mecs sont passés par là, la question ne se pose plus.

La meilleure et la pire surprise de ce documentaire ?

Romain : Nous avons interviewé Teki Latex pendant trois heures et il s’est vraiment livré. C’était une bonne surprise et un moment très émouvant… D’autant qu’il a désormais tiré un trait sur cette scène pour se consacrer à Sound Pellegrino. La difficulté, c’est que nous avions une histoire en tête avant de commencer ce documentaire et qu’elle s’est brisée devant la réalité du truc. Soixante heures d’interviews et des points de vue très différents selon les artistes. Comme nous ne voulions pas mettre de voix off, c’était un puzzle monstrueux où il fallait trouver de la cohérence entre toutes ces histoires… Et aussi ce que nous voulions dire. Il fallait trouver un fil rouge.  Il y a toujours des artistes qui t’emmènent là où tu ne t’y attendais pas. Mais tout ça en fait une histoire passionnante.

 

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