L’interview de la semaine : Jil Caplan, de « Tout ce qui nous sépare » à « Tout éteindre »

un article pour Entendre | publié le 6 janvier 2025

Artiste mythique des années 90 avec son tube de « Tout ce qui nous sépare », Jil Caplan a fait un tour par le théâtre et la littérature avant de revenir avec ce nouvel album rock et poétique, à son image, intitulé Sur les cendres danser.

Jil Caplan, chanteuse et comédienne française, photographiée le 17 novembre 2022 à Paris par Mathieu Zazzo

Sur les cendres danser, « Bleu existentiel », « Tu te lasses », « Tout éteindre »… : vos titres recèlent autant de poésie que de mélancolie…

Si on regarde toute ma carrière, je n’ai jamais écrit des paroles très gaies. Je suis mélancolique de nature, et je ne suis pas la seule ! Ce que j’aime dans ce titre, c’est qu’il est double : sur les cendres, cela veut dire qu’il y a eu un incendie, quelque chose de flamboyant qui a brûlé, mais on continue à danser tout de même.

Dans votre single Animal, Animal vous chantez « lisser son pelage, cacher son âge, faire le cabot ». Vieillir vous fait parfois peur ?

C’est un truc universel de vouloir cacher son âge ! Personne n’a envie de vieillir, de devenir vieux, moche et grabataire. On préfère rester jeune d’esprit, beau et svelte ! Et les hommes ont autant peur que les femmes de vieillir. Ce qui les terrifient, c’est qu’ils ne pourront plus pardonnez-moi ma trivialité, bander, et peut-être perdre leurs cheveux ! Moi j’ai 57 ans et je fais super attention. Je fais du Pilates, de la danse, de la barre au sol, je vais nager… C’est du boulot de rester en forme, et lorsqu’on est chanteuse ou comédienne, on nous le demande. Ceci dit, soyons ce qu’on a envie d’être : les injonctions de morale m’ont toujours gavé !

Une de vos chansons s’intitule Même Marilyn et vous avez repris des titres de Marilyn Monroe : vous avez une passion pour cette artiste ?

Pour Marilyn Monroe et pour Virginia Wolf : je leur dédie deux chansons dans l’album. Un journaliste m’a même demandé si j’avais une passion pour les femmes qui se sont suicidées et sont dépressives ! (rires) Qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne sais pas ! Marilyn a ce côté attirant comme un aimant, avec sa grâce et son charme. Elle est aussi mélancolique, sensible et très forte puisqu’elle a monté sa propre boite de prod’. On a toujours tendance à penser que les gens riches, célèbres et plus beaux que nous sont plus heureux, et bien pas du tout ! Quand je dis « Même Marilyn », c’est pour se rassurer, même Marilyn elle souffre, même Marilyn elle se fait embobiner… On est certainement pas égaux les uns avec les autres, mais on est tous égaux dans notre destin humain qui est la solitude. De naitre seul, mourir seul et de traverser ça comme on peut.

Jil Caplan, chanteuse et comédienne française, photographiée le 17 novembre 2022 à Paris par Mathieu Zazzo

Est-ce que vous avez des petits plaisirs parisiens ?

J’en ai plein ! Le premier c’est aller au B.H.V. ! (rires) Et oui ! C’est un petit grand magasin à taille humaine. Son sous-sol est une mine. Quand je vais au rayon cordonnerie, il y a 2000 cirages, 2000 lacets… Ce choix-là me réjouit à chaque fois. J’ai été caissière au B.H.V.  à mi-temps pendant 2 ans quand j’étais jeune. C’était juste avant d’enregistrer mon premier album. Depuis j’ai toujours gardé une affection pour cet endroit plutôt familial, où on trouve de tout. Pour moi, c’est ça le luxe : pouvoir trouver de tout au moment où on en a envie.

Jil Caplan, Sur les cendres danser (at(h)ome),

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