L’invité de la semaine: Paul Dano – et un peu les Beach Boys

un article pour Entendre, Voir | publié le 26 février 2018

On nous annonce cette semaine comme la plus froide de l’année : une bonne raison de revoir l’excellent biopic sur les Beach Boys, Love and Mercy et de rêver au mythe de la Californie, toujours ensoleillée. Et pour nous en parler, Paul Dano qui joue le très fêlé Brian Wilson dans le film…

Son visage rond d’éternel adolescent recèle un mystère qui a fasciné les plus grands réalisateurs et il fait partie aujourd’hui du clan très fermé des acteurs grâce auxquels un film peut trouver son financement. Depuis son rôle de drôle ado renfermé dans Little Miss Sunshine, Paul Dano a en effet donné la réplique aux plus grands, de Daniel Day Lewis ( There will be blood) à Robert De Niro (Monsieur Flynn) ou Michael Fassebender (12 years of Slave). Pour son rôle de Brian Wilson dans Love&Mercy, il a pris 20 kilos, appris le piano et le chant pour redonner corps à ce moment de grâce unique : l’insouciance joyeuse des 60’s, l’enregistrement d’un monument de la musique pop, Pet Sounds… avant la déchéance du génie sous l’emprise d’une dépression chronique et des drogues. Paul Dano- Brian Wilson

Jouer une personnalité qui existe vraiment, c’est plus facile ou difficile que d’interpréter un personnage de fiction ?

Le Brian des années 60 est très différent du Brian d’aujourd’hui. L’histoire du film reflète d’ailleurs son évolution. Mon premier instinct a été de ne pas le rencontrer tout de suite, mais plutôt de réunir tout ce que je pouvais sur la personne qu’il était dans les sixties. J’ai lu les biographies, regardé des photos et pu rencontrer des gens qui l’ont connu à cette époque. Surtout j’ai visionné des heures et des heures de ses sessions de travail studio, qui ont été filmées et sauvegardées. J’avais besoin de me faire ma propre impression avec mon imagination. Travailler la musique, apprendre à jouer du piano et à chanter, c’est ce travail qui m’a rapproché de lui plus que tout. Toutes les clés du personnage sont dans la musique. Du coup, je n’ai vu Brian que cinq mois après avoir commencé à l’étudier. Son personnage vivait déjà dans mon esprit et le rencontrer était plus pour entrer en contact avec son esprit … C’est une personne très particulière.

Vous lui ressemblez beaucoup à l’écran : comment avez vous fait ?

Je ne lui ressemble pas beaucoup à première vue … J’ai d’abord pris 20 kilos pour être un peu plus gros. Et ensuite, c’est la magie du make-up, du coiffeur et des costumes… Mais je ne me suis pas tant occupé de l’apparence physique. L’important était de capturer l’esprit de cet homme. Ces artifices m’aidaient à rentrer dans le personnage, non pas pour l’imiter mais pour incarner son esprit.

paul dano beach boys 2

Vous n’étiez pas un fan des Beach Boys avant de jouer ce personnage ?

Si ! Mais je ne connaissais pas l’histoire de Brian. Au delà des albums, son histoire personnelle méritait d’être racontée. Sa musique prend une autre dimension lorsque tu connais l’homme qui l’a créée et les combats qu’il a du mener. Je ne pouvais pas croire ce qu’il avait traversé et surtout comment il avait réussi à ne pas perdre ce don de faire de la musique… et de donner du bonheur aux gens grâce à elle.

Quel était votre titre préféré des Beach Boys avant de jouer le rôle ?

Je connaissais évidemment Pet Sounds, l’un des plus  incroyables albums pop de tout les temps. Don’t worry baby (de l’album All Summer Long, ndlr) est l’une de mes chansons favorites … Nous avons tous grandi avec les Beach Boys. C’est le genre de musique que tu entends lorsque tu es petit en voiture avec tes parents, entre les Beatles et une chanson Disney, et que tu continues à écouter en grandissant. Ce projet m’a surtout fait découvrir combien il était dans la musique et c’est ce qui m’a plu. Jouer le rôle m’a fait réaliser la complexité des instrumentations de Smile et Pet Sounds … et pourtant leurs mélodies arrivent si aisément à nos oreilles !

paul dano- beach boys

Vous interprétez très bien aussi la dépression grandissante de Brian Wilson…

Brian Wilson n’avait pas la peau tannée, l’espèce de couche supplémentaire que nous développons adulte et qui nous protège des agressions. Il était intensément sensible et ouvert d’esprit. Il fallait le montrer dans l’histoire… Autour de lui, personne ne comprenait cela et n’a pu l’aider. Il avait besoin d’amour et je pense que la seule manière d’aborder le personnage était de jouer ce besoin d’amour dans sa globalité… Montrer cette personne qui créait de la musique incroyable en studio et qui a pourtant dégringolé petit à petit.

C’est l’un des personnages les plus gentils que vous ayez eu à jouer dans votre carrière ?

Il est magnifique. J’ai beaucoup apprécié de jouer une personnalité avec un si grand cœur… et surtout connecté à quelque chose qui est plus grand que lui. Il conservait, si ce n’est une innocence, du moins quelque chose d’enfantin en lui. Il n’y avait pas que cela, évidemment car il est passé à travers beaucoup d’épreuves ( NDLR : notamment la violence très alcoolisé de son père, Murry Wilson)…

Il y a beaucoup de biopics en ce moment à Hollywood. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Je ne crois pas que j’ai une opinion… Nous avons donné vie de manière très juste à Brian Wilson avec Love&Mercy.

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