L’invité : Rachid Ouramdane, chorégraphe et directeur du théâtre de Chaillot

Rachid Ouramdane voit la danse partout et dynamite les cloisons du Palais de Chaillot afin que les danseurs et le public s’emparent de l’ensemble du bâtiment : réjouissant !

Vous avez la volonté de casser la barrière de la scène avec un public qui fait partie du show, comme dans les expositions immersives ?

La crise sanitaire a fait naitre des envies et des exigences nouvelles … C’est à nous de répondre à cela en proposant des expériences différentes. Chaillot, ce n’est pas seulement des scènes de danse, c’est un magnifique Palais Art Deco. L’expérience commence dès qu’on franchit le péristyle. Très vite, je me suis dit que ce patrimoine, j’allais l’utiliser comme un endroit de création. Il fallait qu’il soit un appui pour des œuvres d’aujourd’hui. C’est comme ça que j’ai pensé aux « Chaillot Experience » c’est-à-dire des œuvres in situ, toujours autour du geste. Le spectateur ne vient pas seulement y contempler des spectacles, mais s’immerger dans l’art. Il veut être partenaire. Le public se mobilise très fort pour ces expériences nouvelles. Il faut utiliser le plein potentiel de ce qu’offre ce palais, qui n’est pas que 3 salles de spectacle. C’est comme ça qu’on amènera à découvrir autrement Chaillot.

Il y a peut-être aussi un nouveau public, plus jeune à conquérir ?

Je viens de la danse et effectivement Chaillot est le théâtre national de la Danse, mais j’entends la danse comme un art élargi aux arts du geste en général. Cette façon de s’intéresser à l’expérience du corps, ce qui m’intéresse, c’est le mouvement sous toutes ces formes, le mouvement contemplé, mais aussi le mouvement pratiqué c’est-à-dire danser soi-même. On sait l’engouement pour la danse, 70% des contenus tik tok sont des contenus chorégraphiés, cette appétence à se rassembler autour de quelque chose de festif, écouter de la musique et danser, qui mieux qu’un théâtre national de la danse pouvait faire partager cette nouvelle appétence de la société ?

Vous aimez aussi briser les barrières en conviant tous les arts, le cinéma ou les arts du cirque ?

Tout cela, je veux le faire de manière transdisciplinaire car je pense qu’il y a du chorégraphique dans toutes les disciplines : dans un certain cinéma, dans la nature qui nous entoure, dans les espaces urbains… Le chorégraphique est une manière de contempler ce qui nous entoure et de trouver une beauté dans tous ses mouvements. C’est pour cela que nous avons souhaité faire aussi des collaborations avec des musiciens. Ce théâtre doit être celui de tous et de toutes, et pas seulement d’une frange de la population.