l’invitée de la semaine : Florence Abelin, créatrice de Mise en Cage
Collection Mise en Cage, photo: Pierre Dal Corso
Florence Abelin, créatrice de Mise en Cage, évoque le retour de la mode érotique chic et le renouveau du puritanisme.
« L’érotisme chic dans la mode n’est pas nouveau. Il y a eu Thierry Mugler, Paco Rabanne qui ont travaillé des matières comme le latex, le cuir… Newton a beaucoup photographié du fétiche. Le phénomène s’est essoufflé dans les années 90 et revient aujourd’hui.
Pourtant il y a un vrai paradoxe dans le monde dans lequel on vit. On est de plus en plus frileux à parler d’érotisme dans le grand public et les artistes qui y font allusion font scandale. La récente affaire du sabotage du « plug anal » géant de Paul MacCarthy sur la place Vendôme en est une nouvelle preuve. Le public est de plus en plus choqué par des images érotiques et on voit de moins en moins d’images de poitrines ou de sexe dans les magazines. Alors qu’un magazine comme Lui ne faisait que ça dans les 60’s ! Aujourd’hui lorsqu’on montre une poitrine, notamment sur les réseaux sociaux, on est censuré tout de suite.
Il n’y a que la mode qui est « autorisée » à montrer avec parcimonie les codes du fétichisme et du SM … En dehors du cadre de la mode, ça choque. »
Sélection Mise en Cage / Photo: Pierre Dal Corso
Les Anglais, maître de la fessée en Europe ? l’Angleterre et de l’influence de ce pays dans l’esthétique érotique chic.
« Les Anglais ont toujours été beaucoup plus excentriques que les Français. Ils devraient être conservateurs avec la royauté etc … mais de fait ils le sont beaucoup moins que nous. Dans la mode comme en gastronomie, on reste sur nos lauriers. Nous avons peur du changement et des choses hors-normes, déviantes. Les Anglais l’assument complètement. C’est ce côté là que j’aime… Ils vivent leur look pleinement. Nous les Français, on a peur du regard des autres dès qu’on met un vêtement différent !
Ce sont les Anglais qui ont apporté ce design beaucoup plus graphique, minimaliste pour les dessous… En particulier, Agent Provocateur, un concept très fort développé par le fils de Vivienne Westwood il y a 15 ans. En France, ce genre de design est arrivé il y a 4 ou 5 ans en France tout au plus.
Avec Mise en Cage, nous ne souhaitons pas être aussi connus, nous voulons conserver le concept d’anonymat… Nous sommes encore plus mode, plus luxe que Agent Provocateur. Même si nous sommes beaucoup exposés dans les magazines, nous n’avons pas envie d’être partout. Notre produit est réservé à une élite…. ou en tout cas des gens qui se « saignent » entre guillemets pour l’avoir. Le premier prix, pour les soutien-gorge sans armature, commence à 125e … Les ensembles sont entre 500e et 600e. Pour la marque Mise en Cage, l’ensemble de lingerie coûte 800e. Ce n’est pas un produit de masse. »
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